Initiation à la Philatélie

Qu’est-ce qui peut pousser des centaines de milliers de personnes de par le monde à collectionner ces petits bouts de papier, ces « vignettes », appelées « timbres-poste », à les ranger soigneusement dans des albums, à les étudier, à les échanger, à les présenter au public lors de manifestations diverses ou à les exposer lors de compétitions spécialisées ? Partagée par beaucoup, elle peut se pratiquer seul ou en famille : c’est un loisir culturel accessible également aux jeunes.

La question reflète elle-même la richesse intrinsèque de la philatélie. La philatélie est avant tout une passion… qui doit avant tout procurer du plaisir. Il y a de multiples raisons de collectionner ces timbres-poste que certains considèrent à peine. Il y a ceux qui les collectionnent pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des œuvres d’art en miniature créées souvent par des artistes reconnus par ailleurs et réalisées par des artisans du monde de l’imprimerie. D’autres seront plus sensibles aux sujets qu’ils représentent. D’autres enfin seront plutôt intéressés par l’histoire dont ils témoignent : les conditions dans lesquelles ils ont été émis et/ou celles dans lesquelles ils ont voyagé sur un support qui fait encore rêver : enveloppe, carte postale ou imprimé… Car le timbre-poste est encore, dans l’imaginaire de beaucoup, synonyme de voyage, d’évasion, de terres inconnues…

Dans tous les cas, la passion de collectionner les timbres-poste et les documents qui s’en rapprochent doit rester un loisir. Toute autre manière d’envisager la philatélie, la pratiquer à titre mercantile par exemple, n’entre pas dans le cadre de cette initiation. Le but de ces pages est donc de mieux faire comprendre ce qui se cache derrière le terme générique de « philatélie » et d’aider tous ceux qui souhaiteraient s’adonner à ce loisir.

Si l’histoire du timbre-poste est indissociable de l’histoire de la Poste, la mise en place de systèmes « postaux » répondait à une préoccupation stratégique dans la constitution et la pérennité des anciens empires : pouvoir contrôler et administrer au niveau politique, fiscal et militaire une population répartie sur un grand territoire. C’est le cas des Égyptiens, vers 2500 avant J.-C., des Chinois vers 1200 avant J.-C. ou des Romains en Europe qui instaurent un service de transmission rapide des messages administratifs, le « cursus publicus » basé sur des relais espacés de 12 km et des gîtes d’étapes tous les 50 km.

Il faudra attendre le Moyen Âge pour voir évoluer les corps de messagers en raison du développement des grands ordres religieux ou des universités, dont la plus ancienne est celle de Paris. Plus tard sous l’Ancien Régime cohabitent deux systèmes postaux : la Poste aux chevaux qui fournit les moyens de transport et exploite les infrastructures, et la Poste aux Lettres qui est chargée de la collecte, l’acheminement et la distribution des messages.

Dans les années 1860, le débat est très animé entre les premiers grands collectionneurs pour donner un nom à la nouvelle collection qui se développe : celle des timbres-poste. Pierre Mahé propose le terme « Timbrophilie », Jacques Legrand celui de « Timbrologie » et Gustave Herpin celui de « Philatélie ».

Le mot « philatélie » est apparu pour la première fois en 1864 dans un article non signé d’un des premiers périodiques consacrés à la nouvelle passion de collectionner les timbres-poste : le « Collectionneur de Timbre-poste » édité par Arthur Maury.

Ce nouveau mot est construit à partir de deux mots grecs « philos » (= ami) et « atelia » (= affranchissement).

La Philatélie signifie donc « amour de l’étude de tout ce qui se rapporte à l’affranchissement » et donc à la collection des timbres-poste.

Un timbre-poste est une vignette en papier collée sur un courrier pour indiquer que l’expéditeur a payé son affranchissement, c’est-à-dire qu’il a acquitté la taxe due pour que son courrier, de quelque nature qu’il soit, soit pris en charge et délivré par des services postaux publics ou privés.

Le principe du timbre-poste a été inventé en Grande-Bretagne, en 1837, dans le cadre d’une importante réforme postale initiée par Sir Rowland Hill : « L’Uniform penny postage ». Jusqu’alors c’était le destinataire d’un courrier qui payait, au préposé du service postal, la taxe correspondant au port du courrier qu’il recevait. La réforme a imposé que ce soit l’expéditeur qui paie le service. Mis en service en 1840, ce nouveau système de taxation sera repris par de nombreux pays dont la France qui met en service ses premiers timbres-poste le 1er janvier 1849 : le 20 centimes et le 1 franc Cérès.

Une fois apposé sur la lettre,  le timbre-poste est ensuite annulé par une oblitération, afin de ne pas être réutilisé.

Le timbre-poste comporte généralement : une valeur faciale, l’année d’émission, le pays d’émission (sauf pour la Grande-Bretagne qui fait figurer seulement le profil de son/sa souverain(e)), des précisions sur le sujet et le dessinateur. Il peut être dentelé ou pas. Depuis 1993 la Poste française, comme de nombreux autres pays, émet des timbres-poste sans valeur faciale, à validité permanente (TVP).

Le timbre-poste est conditionné en feuilles, en blocs, en carnets, en roulettes. Il peut être imprimé selon différent procédés : typographie, taille-douce, héliogravure, lithographie, offset, ou une combinaison de plusieurs procédés.

Le timbre-poste peut prendre différentes formes : rectangulaire, carré, rond, triangulaire, ovale, cœur… Certains pays émettent des timbres de forme spectaculaire, comme des maillots de sport, des animaux, des fruits…

On trouve aujourd’hui des timbres-poste parfumés, en or ou argent, en bois, en dentelle, avec des hologrammes. Rien n’arrête la créativité des administrations postales !

Le type des timbres-poste se distingue par l’usage que l’on en fait :

Si le timbre-poste peut faire l’objet d’une collection à part entière, détaché ou sur document, il peut aussi servir de support à d’autres types de collections pour lesquelles les oblitérations en seront l’essentiel. Par exemple :

  • La Maximaphilie, collection de cartes maximum composées d’une carte postale, d’un timbre-poste et d’une oblitération postale, ces trois éléments devant avoir le maximum de concordance.
  • L’Aérophilatélie, collection de documents ayant été transportés par avion.
  • L’Astrophilatélie, collection de documents réalisés à l’occasion d’évènements liés à la conquête spatiale (lancements en particulier).
  • La Philatélie Polaire, collection de documents réalisés à l’occasion des missions polaires.
  • La Philatélie Thématique, collection de matériel philatélique le plus large possible sur un thème.
  • La Classe Ouverte, collection présentant sur un thème : timbres-poste, documents philatéliques et non philatéliques.

Devenir philatéliste, c’est facile et peu cher, il suffit de commencer par regarder dans sa boîte aux lettres. Tout se collectionne ou presque. Si l’objectif reste de se faire plaisir, il est illusoire de vouloir collectionner l’ensemble des timbres-poste émis dans le monde entier. Cerner son sujet de collection sera utile à un moment donné. Ensuite pour se procurer des timbres-poste et autres documents philatéliques de nombreuses possibilités sont offertes depuis l’achat à La Poste jusqu’aux ventes sur offre, en passant par les négociants et les sites Internet spécialisés. Ne pas oublier non plus que tout ce matériel philatélique peut justifier d’un matériel de rangement adapté, de type album ou classeur, acheté ou réalisé personnellement selon les goûts et les moyens que chacun veut y mettre. Il faudra également identifier, cataloguer, manipuler sa collection et donc posséder une loupe, un odontomètre, une lampe à rayons UV, des pinces, des catalogues, des revues spécialisées, des livres…

Adhérer à une association philatélique membre de la F.F.A.P. permettra de concilier le tout et de faciliter la collecte des timbres-poste et documents philatéliques recherchés en profitant des services et des conseils offerts aux adhérents.